Ce qui me fascine depuis que j'observe de l'art, c'est de m'imaginer les vies en dehors de l'œuvre, ou en dehors de ce vers quoi les institutions – muséales, éditoriales, artistiques, etc. - attirent notre attention. Tenter de connaître où, quand et par quelle main ce tableau, cette pièce, ce texte ou encore cette image avait été créée, m'obsède entièrement. Au-delà du geste, il s'agit de redonner une valeur à l'éphemera (1); le moment où la main et le corps de l'artiste se pose sur la toile, appuie sur l'objectif, assemble, performe, prend la parole, écris, etc. 


Ma fascination a toujours débuté avec le vivant.

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En déjouant les codes propres aux arts visuels, au design graphique et à l’écriture, la pratique de Andes A. Beaulé tente de proposer des formes, des sensations et des idées où s’enchevêtrent des abstractions queer (dessinées, textuelles). Iel souhaite tenter de relire l’abstraction vers une prise de position féministe, queer et philosophique par une réflexion sur les marges, nos émancipations, nos tremblements et notre agentivité à contester nos structures. Sa pratique du dessin grand format, de l’autoédition et de l’art imprimé se revendiquent comme des outils visant les transformations - de soi, de notre société - vers une prise de position résolument fluide et marginale qui encourage une méthodologie de l’existence et du décentrement. Beaulé revendique sa pratique comme des abstractions queer (Lancaster, 2022) où les gestes évanescents du processus de travail sont nécessaires pour se décentrer. Ses dessins sont des ephemera qui transcrivent des gestes actifs cherchant davantage à cartographier la mouvance de réflexions et de transformations que de laisser une simple trace. 

C’est par ces gestes dessinés que l’artiste pense et se transforme, puis c’est par les gestes d’écritures - autothéorie, poésie - que l’artiste envisage d’ouvrir vers des possibles transformations de notre société, vers une pensée critique et des émancipations multiples.

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1 Muñoz, J. E., et Wambergue, A. (2021). Cruiser l'utopie : L'après et ailleurs de l’advenir queer. Brook. « La queerness s’accompagne rarement de preuves de son existence, du moins au sens où l’on entend traditionnellement le mot “preuve”. Si l’on veut queeriser la preuve, et j’entends par là nos manières de prouver et d’analyser la queerness, la clé est de la suturer au concept d’ephemera. Prenez les ephemera comme une trace, comme les résidus, les choses qui restent là à flotter dans l’air comme une rumeur.» (p.126-127)





Alegría Gobeil
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Alexandre Piral
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